Cyberpresse - Vendredi 20 avril 2001 - Le mouvement Germinal dénonce l'arrestation de sept de ses membres  1

Le lundi 13 août 2001- Les membres de Germinal subiront leur procès en novembre.. 1

La Presse, Le Soleil - Le lundi 25 mars 2002 - Les membres de Germinal admettent avoir participé à un complot  2

CMAQ - Soutien aux accusés de Germinal - Soumis par Anonyme , mardi 26 Mars 2002 - 15:38.. 2

La Presse, Le Soleil- Le mercredi 27 mars 2002- Procès Germinal: témoignage d'un agent double de la GRC.. 3

La Presse, Le Soleil - Le mercredi 27 mars 200 - Germinal nie avoir voulu attaquer les policiers. 3

Le jeudi 28 mars 2002 - Dernière ligne droite du procès Germinal 4

Le mardi 16 avril 2002 - Mandat lancé contre Jaggi Singh.. 4

Sommet des Amériques - 45 jours de prison pour des manifestants  - Le vendredi 26 avril 2002.. 4

Le Soleil – La Presse - Germinal coupable - Le mercredi 22 mai 2002.. 5

 

Cyberpresse - Vendredi 20 avril 2001 - Le mouvement Germinal dénonce l'arrestation de sept de ses membres


ANDRÉ DUCHESNE

La Presse

«On essaie de nous faire passer pour des terroristes», a déploré avec vigueur jeudi la porte-parole du mouvement antimondialisation Germinal dont sept membres ont été arrêtés mardi et mercredi par des policiers les soupçonnant de vouloir faire de la casse durant le Sommet des Amériques.

«Nous sommes tout sauf cela et n'avions aucunement l'intention de blesser des gens. On a porté des accusations démesurées contre nos membres», a poursuivi cette porte-parole qui a requis l'anonymat par crainte de représailles des forces policières. Pour elle, il ne fait pas de doute que les policiers se sont servis du groupuscule pour justifier leur présence musclée au Sommet. «Nous servons de justification pour tout l'argent dépensé en fonds publics par les policiers», assure-t-elle.

La jeune femme a aussi tenu à expliquer la présence du matériel saisi à bord de la voiture des militants en route vers Québec au moment de leur arrestation, mardi soir. S'il y avait des boucliers, c'était pour se protéger d'éventuels coups de matraque. S'il y avait des bâtons, c'était pour se défendre contre les coups anticipés des forces anti-émeute.

La porte-parole s'est en outre insurgée contre les prétentions policières voulant que les bombes fumigènes et les simulateurs de grenades soient dangereux. «Ces grenades n'explosent pas et dégagent une fumée non dommageable. Quant aux simulateurs, ils sont fréquemment utilisés dans les exercices militaires pour faire du bruit.»

Dans un communiqué, le mouvement estime exagérée l'accusation de vol de matériel militaire, car «beaucoup de soldats ramènent l'excédent des simulateurs à la maison à la fin des exercices sur le terrain».

Affirmation que rejette une porte-parole de l'armée. Être en possession d'un de ces objets peut constituer «un parjure» (voir texte ci-dessus). De plus, des «boîtes d'amnistie» sont aménagées dans les casernes afin que les soldats y déposent le matériel militaire qu'ils auraient oublié de rapporter.

Diversion

Selon la porte-parole de Germinal, les objets saisis devaient servir à créer une diversion et à faciliter l'assaut de la clôture érigée dans le Vieux-Québec. Car le mouvement Germinal ne s'en cache pas, il avait l'intention d'abattre ce qu'on appelle «le mur de la honte» afin de d'aller manifester directement sous le nez des 34 chefs d'État réunis au cours du week-end au Centre des congrès de la Vieille Capitale.

«Notre objectif était clair et unique : percer la barricade sans blesser personne. Cela constituait notre plus grande préoccupation. De plus, nous respectons ceux qui manifestent pacifiquement.»

Elle ne croit pas que l'usage de tous ces objets aurait créé un mouvement de panique chez les autres manifestants. «Ils savent à quoi s'attendre.»

Billes de métal

Le mouvement Germinal s'est, part ailleurs, dit extrêmement surpris de la présence de deux sacs de billes d'acier dans le matériel saisi.

«Notre groupe, dans une réunion le samedi 7 avril 2001, avait unanimement rejeté l'utilisation de ces projectiles à cause des dangers potentiels de blessures graves, écrivent-ils dans un communiqué. Leur présence dans le véhicule ne serait explicable que par l'initiative d'un individu isolé ou de l'agent infiltré, à qui appartenait la voiture.»

Jeudi, un colocataire des deux premiers manifestants arrêtés mardi soir alors qu'ils faisaient route pour Québec avait indiqué à La Presse que le mouvement avait été infiltré par une taupe depuis plusieurs mois.

Constitué d'une quinzaine de membres, pour la majorité des étudiants et de jeunes travailleurs, le mouvement Germinal a été créé en vue du Sommet des Amériques. Provenant d'horizons idéologiques différents, les membres du groupe sont unis par leur opposition à la mondialisation des marchés.

Ils se définissent comme un «mouvement d'autodéfense politique».


 

Le lundi 13 août 2001- Les membres de Germinal subiront leur procès en novembre

Presse Canadienne

Montréal

Les cinq membres du groupe Germinal, arrêtés avant la tenue du Sommet des Amériques, à Québec, subiront leur procès le 5 novembre.

Ils sont accusés de complot pour commettre un méfait, alors que trois d'entre eux sont aussi accusés de possession de substances explosives et de possession de matériel militaire.

Quant à Jaggi Singh, il subira un procès le 15 janvier prochain. Singh a été détenu pendant deux semaines après avoir utilisé une catapulte contre les policiers, lors des manifestations entourant le Sommet des Amériques.

 

La Presse, Le Soleil - Le lundi 25 mars 2002 - Les membres de Germinal admettent avoir participé à un complot

Presse Canadienne

 Québec


Les sept membres du groupe Germinal admettent avoir comploté pour commettre un méfait à l'égard de biens, en l'occurrence la clôture du périmètre de sécurité érigé lors du Sommet des Amériques, en avril 2001.

Leur procès, qui a débuté lundi, consistera donc à déterminer si ce méfait était d'une gravité supérieure, c'est-à-dire qu'il causait un danger réel pour la vie des gens.

 

Photo PC

 

Alex Boissonneault, à gauche, et Mario Bertoncini.

Deux agents doubles de la GRC avaient infiltré les rangs de Germinal depuis près de deux mois lorsque les arrestations ont été faites, quelques jours avant le début du Sommet. L'un de ces agents d'infiltration a témoigné durant toute la journée, lundi. Comme les deux hommes sont encore actifs comme agents d'infiltration, ils témoignent devant un écran protecteur, qui ne permet qu'au juge et aux avocats de les voir.

Ce premier agent, André Viel, a réussi à établir le contact avec Jean-François Dufresne, un étudiant de Sainte-Foy qui attendait sa libération des Forces armées. L'objectif de l'agent Viel est toutefois de faire la connaissance de son ami Alex Boissonneault, un Montréalais de 22 ans qu'on croit être le leader du groupe Germinal.

L'agent a donc placé dans l'immeuble qu'habite Dufresne une offre d'emploi pour faire le transport de voitures à Montréal. Le subterfuge fonctionne et Dufresne est embauché. Après quelques voyages, l'agent prétexte le besoin d'un second chauffeur, ce qui lui permet d'atteindre son but puisque Dufresne lui présente Boissonneault. Par la suite, il introduit le second agent d'infiltration dans le décor et les deux hommes feignent de se lier d'amitié avec les jeunes gravitant autour de Boissonneault, un autre étudiant qui a déjà été membre des Forces armées. Le 30 mars, un camp d'entraînement en vue du Sommet doit se tenir à Victoriaville. Vingt-sept personnes doivent y participer mais on abandonne le projet lorsque deux «cellules» lâchent les autres

À la place du camp d'entraînement, on tient à Montréal la première des quatre assemblées générales qui auront lieu avant le Sommet. Objectif de Germinal: percer la clôture du périmètre de sécurité.

La possibilité d'utiliser des cocktails Molotov est alors évoquée, mais la majorité des membres de Germinal sont en désaccord, les jugeant trop dangereux. Un des membres, Mario Bertoncini, 24 ans, proscrit aussi l'utilisation de couteaux et de bâtons de baseball. Par contre, Boissonneault indique qu'on dispose de dix bombes fumigènes et de deux «thunderflashes», de l'équipement volé aux Forces armées qui servira à semer la confusion. On a le souci de ne blesser personne, reconnaît l'agent d'infiltration.

Le 7 avril, on en est à la troisième assemblée générale. Selon l'agent d'infiltration, Boissonneault et Victor Quentin, 22 ans, sont favorables à l'emploi de cocktails Molotov. Précisant qu'il ne faut en aucun cas les lancer sur les gens, Boissonneault explique comment les fabriquer.

Quant à Quentin et Jonathan Vachon, ce dernier âgé de 20 ans, ils se disent prêts à les fabriquer. Mais ce sera Boissonneault qui décidera quand les utiliser et ils le seront par des personnes «avec du sang froid».

À cause de son expérience militaire, il reviendra par contre à Serge Vallée, 22 ans, d'utiliser les bombes fumigènes et les thunderflashes.

À la suite de l'assemblée du 14 avril, Boissonneault demande à l'agent d'infiltration s'il peut transporter les cocktails. La façon de faire lui est expliquée par Quentin, qui ajoute qu'ils seront fabriqués une «couple d'heures» avant la manifestation du vendredi.


 

CMAQ - Soutien aux accusés de Germinal - Soumis par Anonyme , mardi 26 Mars 2002 - 15:38

Mondialisation / Communiqués


L'Association générale étudiante du CEGEP du Vieux Montréal (AGECVM) souhaite courage et apporte son soutien total aux arrêtés de Germinal, victimes de répression alors qu'ils s'apprêtaient à combattre une mondialisation rampante, qui se construit loin de toute démocratie, derrière des clôtures fortifiées, loin des yeux et des souhaits des peuples que ces dirigeants pourtant sont censés représenter, que ces hommes politiques sont supposés consulter.

Nous comprenons leur démarche qui, à nos yeux et les connaissant, ne se voulait pas violente, mais une réplique proportionnée aux moyens lourdement mis en œuvre par nos gouvernements pour éloigner des yeux et des oreilles de ces gouvernants toute parole dérangeante, tout discours différent.

Le débat contradictoire et l’affrontement pacifique des idées, prémisses de cette société démocratique dans laquelle nous sommes censés vivre, n’étaient plus ainsi permis, empêchant par la même l’expression simple et claire de nos libertés démocratiques.

Nous n’oublions pas non plus une certaine provocation des forces de l’ordre et de la sécurité qui devaient, à un moment donné, justifier ces dépenses importantes et cette mobilisation hors de l’ordinaire, et donc « démoniser » Germinal quelque peu, les faire passer pour de dangereux « terroristes » qui allaient « massacrer » de nombreux et nombreuses policier-ère-s et autres manifestant-e-s !!!

Qui peut croire pareille fable, si ce n’est certaines couches de notre classe dirigeante cherchant à se rassurer peut-être ?

Nous sommes confiants que les accusés de Germinal sortiront la tête haute de ce tribunal devant lequel certains officiels malveillants ont voulu les traîner.

La Justice ne se laissera pas manipuler facilement.

Auteur: Bureau exécutif de l'agecvm


 

La Presse, Le Soleil- Le mercredi 27 mars 2002- Procès Germinal: témoignage d'un agent double de la GRC

Presse Canadienne


Les membres du groupe Germinal, accusés de méfait public lors du Sommet des Amériques, étaient des jeunes très articulés, très instruits et un peu philosophes, qui discutaient beaucoup.

C'est ainsi que les a perçus le second agent double de la GRC qui a infiltré le groupe en mars et en avril 2001. Le groupe Germinal serait à l'origine du démantèlement de la clôture du périmètre de sécurité au Sommet des Amériques.

Témoignant à son tour au procès de sept membres de Germinal, mardi, le gendarme Nicolas Tremblay a apporté des détails supplémentaires à ceux révélés lundi par l'autre agent d'infiltration André Viens.

Le gendarme Tremblay a brossé un portrait assez révélateur de la personnalité de ces jeunes. «C'était un drôle de milieu, très libéral de pensée. C'étaient des amis qui décidaient ensemble en jasant. Ils aiment beaucoup parler et les premières réunions ont été pas mal décousues.» D'ailleurs, de reconnaître le policier, aucun vote n'a été tenu au cours des quatre réunions auxquelles il a assisté.

D'autre part, le peu de ressources matérielles et pécuniaires du groupe a surpris l'agent d'infiltration. Il n'en a pas moins répété quelques fois que Germinal était «très bien organisé». L'objectif du groupe, a confirmé le gendarme Tremblay, était de faire une action symbolique et stratégique en s'attaquant à la clôture du périmètre de sécurité érigé pour le Sommet des Amériques, et de se rendre jusqu'aux chefs d'État pour leur livrer son message. «C'est le but précis pour lequel ils ont adhéré à Germinal et qu'ils y sont restés», a commenté l'agent d'infiltration.

Il était hors de question de se joindre aux casseurs venus à Québec pour le Sommet. Le groupe ne voulait pas s'attaquer à la ville.

Au cours des deux premières réunions, les 31 mars et 1er avril, on juge que l'emploi de cocktails Molotov est trop dangereux et mal perçu par la population, confirme l'agent d'infiltration. Aussi en écarte-t-on l'idée.

Toutefois, 14 des 15 membres présents se disent prêts à se battre et une dizaine ont l'intention de s'armer de bâtons. C'est à la réunion du 7 avril qu'on décidera d'utiliser de trois à cinq cocktails Molotov pour «faire diversion « ou pour «protéger une retraite».

On en arrive là parce qu'on dispose de moins de matériel militaire qu'on l'aurait voulu. Des réticences ayant été exprimées au départ, il a fallu que trois membres expliquent qu'on pouvait utiliser des cocktails Molotov sans danger.

L'agent double avait tellement bien réussi sa mission d'infiltration qu'on le désigne pour présider la réunion du 14 avril, la dernière avant le Sommet. Aucun lien ne semble possible d'établir avec le cadeau d'un gallon de vin qu'il avait fait au groupe lors de la réunion précédente, celle au cours de laquelle on s'est résolu à utiliser des cocktails Molotov.

Si la consigne est de n'emporter aucun couteau ni aucune drogue à Québec, on sait désormais que Germinal disposera de trois fusées éclairantes et de cinq grenades fumigènes. Il est aussi exclu d'utiliser des simulateurs d'artillerie, les objets contenant un quart de bâton de dynamite. L'agent double a également indiqué qu'un avocat invité à la réunion, Me Yannick Sévigny, a prévenu les membres qu'ils risquaient d'être arrêtés pour méfait sur la clôture et même pour voies de fait. Le membre du Barreau aurait par ailleurs offert ses services pour faire le trajet avec ceux qui seraient chargé de transporter le matériel de Montréal à Québec, au cas où une arrestation aurait lieu en cours de route.


 

La Presse, Le Soleil - Le mercredi 27 mars 200 - Germinal nie avoir voulu attaquer les policiers

Presse Canadienne
Québec


Les membres de Germinal nient avoir jamais décidé d'utiliser des cocktails Molotov lors du Sommet des Amériques, en avril 2001.

Deux d'entre eux, Mario Bertoncini et Alex Boissonneault, ont témoigné mercredi et ont contredit les affirmations faites lundi et mardi par les deux agents d'infiltration de la GRC. Ceux-ci ont soutenu qu'au cours de la troisième des quatre réunions du groupe, on a décidé d'utiliser des cocktails Molotov, en plus de thunderflashes et de grenades fumigènes.

Par contre, ont reconnu les deux jeunes étudiants à l'UQAM, il était clair qu'on entendait se défendre des «assauts de l'anti-émeute» et qu'on ne voulait pas «manger des coups de matraque» en se limitant à une résistance passive. Mais il n'était aucunement question d'attaquer les forces de l'ordre.

Le seul et unique objectif de Germinal, c'était le «mur de la honte», ont soutenu les deux accusés. On le considérait comme insultant et arrogant car il empêchait les gens d'aller manifester démocratiquement.

Les jeunes militants ne prévoyaient même pas pénétrer à l'intérieur du périmètre de sécurité.

 «Nous voulions juste ébrécher la clôture pour montrer au monde que les Québécois n'acceptaient pas ce mur», a déclaré Bertoncini. Ce dernier a attribué à la maladie dont il souffrait le fait que plusieurs détails des événements échappent à sa mémoire.

De son côté, Alex Boissonneault, celui qu'on considère comme le leader du groupe, a reconnu qu'à suite de la quatrième et dernière réunion du groupe, le 14 avril, il a demandé à l'un des agents d'infiltration s'il serait disposé à transporter des cocktails Molotov. L'ancien élève officier au Collège royal militaire de Kingston a expliqué qu'il fallait envisager toutes les possibilités bien qu'à ce moment, la décision de ne pas employer de cocktails était toujours valide.

Plus tôt dans la journée, le juge Pierre Rousseau a rejeté une motion de non-lieu présentée par Me Alain Dumas, l'avocat de Serge Vallée. Celui-ci avait plaidé que la preuve contre le jeune réserviste des Forces armées ne constitue que du ouï-dire. Tout au plus Vallée a-t-il indiqué au groupe qu'il apporterait les thunderflashes et les grenades fumigènes.

D'autre part, deux témoins experts ont déposé pour expliquer les dangers des cocktails Molotov, des thunderflashes et des grenades fumigènes. Si le danger de brûlures est assez évident dans le cas des cocktails, comme l'a décrit le chimiste Jean Brazeau, le capitaine Roger Blanchard, un expert en explosifs dans les Forces armées, a décrit celui des thunderflashes et des grenades fumigènes.

Le premier, qui sert à simuler l'explosion d'une grenade, doit être lancé à au moins cinq mètres. L'explosion de la matière pyrotechnique peut en effet causer des blessures en projetant des fragments au sol. Évidemment, une personne peut aussi être blessée si elle tient dans sa main le thunderflash au moment où celui-ci explose.

Quant à la grenade fumigène, qui sert à émettre un signal, elle peut causer certains malaises aux voies respiratoires si on se trouve trop près d'elle. On peut aussi éprouver des maux de tête, des vomissements, voire des pertes de conscience.


 

Le jeudi 28 mars 2002 - Dernière ligne droite du procès Germinal

Presse Canadienne


Si, comme le plaide la procureure de la Couronne, tout est une question de crédibilité dans l'affaire Germinal, la défense estime pour sa part qu'un des deux agents doubles de la GRC infiltrés dans le groupe s'est montré «un peu beaucoup agitateur».

Photo PC

Alex boissonnau et Mario Bertoncini.

Les témoignages complétés, jeudi matin, les parties ont présenté leurs plaidoiries sur-le-champ au juge Pierre Rousseau. Celui-ci a pris le tout en délibéré et il rendra son jugement le 21 mai. À l'affirmation selon laquelle l'agent d'infiltration Nicolas Tremblay a «joué à l'agitateur pas mal», le juge Rousseau a vite rétorqué que celui-ci n'a pas eu à se forcer beaucoup. Cela n'a pas arrêté Me Alain Dumas, qui a ajouté: «L'agent Tremblay a été planté là par l'État, qui est parfois répressif un peu. Le groupe Germinal était composé de jeunes idéalistes et l'État le savait. Il savait aussi que leur objectif était de percer le mur, mais les moyens n'étaient pas définis. L'agent Tremblay a donc apporté de l'alcool. Voulait-il les paqueter?»

Un autre avocat de la défense, Me Enrico Théberge, a même suggéré que l'agent d'infiltration a pu être affecté lui-même par l'alcool lors de la réunion du 7 avril 2001, celle au cours de laquelle il affirme que la décision d'utiliser des cocktails Molotov a été prise. Les jeunes ont un but noble, qui est de combattre les injustice dans le monde, a plaidé Me Dumas en reconnaissant que leurs moyens n'étaient pas bons.

L'avocat s'est demandé pourquoi il n'a pas été question de cocktails Molotov lors de l'ultime et dernière réunion du groupe avant le Sommet des Amériques. On a alors mis par écrit tout l'équipement à apporter à Québec. Tout, sauf le matériel pour fabriquer des cocktails.

«Pourquoi?», a demandé Me Dumas.

D'ailleurs, a ajouté Me Philippe Sirois, un autre avocat de la défense, aucun matériel à cette fin n'a été saisi lors de l'arrestation du groupe. Quant aux thunderflashes et aux grenades fumigènes dont disposait Germinal, l'avocat a soutenu qu'ils ne pouvaient constituer un danger pour la vie des gens.

De son côté, la procureure de la Couronne, Me Geneviève Lacroix, a soutenu qu'Alex Boissonneault et Mario Bertoncini, les deux témoins de la défense, qui étaient les principaux participants à Germinal, ont vraiment la mémoire sélective. Des choses ne tiennent pas debout dans leur version et on essaie de noyer le poisson, a-t-elle affirmé. Ainsi, pourquoi tenir un camp d'entraînement, pourquoi avoir une organisation si structurée et pourquoi avoir déployé tant d'efforts s'ils n'avaient pour objectif que d'ébrécher le mur?

Selon Me Lacroix, il faut prendre en considération les moyens, les cocktails Molotov, la quantité de personnes présentes à la manifestation du vendredi et le facteur humain. On en arrive alors à un cocktail... explosif.


 

Photo PC

Jaggi Singh s'est fait connaître lors des manifestations en marge du Sommet des Amérique de Québec en 2001 mais aussi au sommet de l'APEC à Vancouver en 1998.

Le mardi 16 avril 2002 - Mandat lancé contre Jaggi Singh

Presse Canadienne

Québec


L'activiste Jaggi Singh, impliqué dans des émeutes du Sommet des Amériques à Québec l'an dernier, se retrouve à nouveau dans l'eau bouillante.

Le juge Jean-Claude Beaulieu a émis un mandat contre lui hier parce qu'il a omis de se présenter au Palais de Justice de Québec. On devait y fixer la date de son procès mais ni lui ni son avocat ne se sont présentés en Cour supérieure.

Selon un site internet d'activistes, Jaggi Singh sera à Calgary à la fin de la semaine pour donner une conférence sur le capitalisme, en prévision du Sommet du G8 à Kananaskis.

Depuis le 2 avril, Singh participe à la caravane anti-G8 qui a visité plusieurs villes canadiennes et américaines.


 

Sommet des Amériques - 45 jours de prison pour des manifestants  - Le vendredi 26 avril 2002

Presse Canadienne

Québec


Le juge Hubert Couture a prononcé vendredi la sentence la plus sévère imposée jusqu'ici à des manifestants du Sommet des Amériques sans antécédents judiciaires, condamnant deux individus à 45 jours d'emprisonnement.

Les accusés, Dorian Locke, 19 ans, et Aaron Koleszar, 28 ans, tous deux de l'Île-du-Prince-Édouard, avaient été déclarés coupables, suite au Sommet des Amériques, d'attroupement illégal. Dans le cas de Locke, sa culpabilité avait aussi été reconnue pour possession d'arme dans un dessein dangereux, et quant à Koleszar, pour port d'arme dans un dessein dangereux, et entrave à un agent de la paix dans l'exécution de ses fonctions. Selon les faits mis en preuve, les deux jeunes hommes ont été arrêtés, le 22 avril 2001, «alors qu'ils s'apprêtaient à troubler la paix tumultueusement.»

Locke avait en sa possession, dans un sac à dos, une fronde et des pierres, ainsi que de nombreux protecteurs. Koleszar avait pour sa part des pierres dans ses poches, était bardé de protecteurs, et avait près de lui un bouclier artisanal.

Tous deux étaient vêtus, comme l'écrit le juge Couture, «comme d'autres individus qui, dans les jours précédents, avaient été surpris à lancer des pierres, cocktails Molotov et à haranguer les agents de la paix occupés à protéger un périmètre de sécurité entouré d'une immense clôture que certains manifestants tentaient de jeter par terre»

Effet de dissuasion

Le juge Couture a beaucoup insisté, dans son jugement rendu au Palais de justice de Québec, sur le fait qu'il valait mieux «privilégier les objectifs de dissuasion tant générale que spécifique et ce, à cause de la nature même des infractions et de la façon dont elles ont été perpétrées(...)» Le procureur des deux jeunes hommes, Me Pascal Lescarbeau, s'est dit renversé par cette décision, soulignant que ses clients n'avaient pas d'antécédents. «C'est quand même assez excessif, on peut facilement comparer avec des crimes beaucoup plus graves, comme un vol qualifié par exemple, pour lequel une personne reconnue coupable sera jugée beaucoup moins sévèrement que dans le cas présent», a-t-il commenté.

«J'ai l'impression, d'ajouter Me Lescarbeau, que mes clients ont été pénalisés pour d'autres, qu'ils ont été associés au Black Bloc en raison des images télé qui ont été présentées au juge.» Me Lescarbeau a l'intention de porter la cause en appel, et il présentera une requête à cette fin mercredi prochain, en Cour supérieure. «Je vais aussi en appel du verdict», a-t-il précisé.


 

Le Soleil – La Presse - Germinal coupable - Le mercredi 22 mai 2002

Richard Hénault


Qualifiant de peu fiables et de non crédibles les témoignages des membres de Germinal venus à la barre, le juge Pierre Rousseau a déclaré les sept jeunes accusés coupables de toutes les accusations auxquelles ils faisaient face, incluant la plus grave, celle de complot pour commettre un méfait causant un danger réel pour la vie des gens.

L'élément déterminant de cette accusation reposait sur l'emploi projeté de cocktails Molotov au Sommet des Amériques, en avril 2001.

Le juge s'y est d'ailleurs attardé en rendant son jugement.

Les accusés, a-t-il rappelé, ont admis l'ensemble des récits des deux agents de la GRC infiltrés dans les rangs de Germinal durant les semaines précédant le Sommet. Ils ont tout admis, sauf l'entente concernant l'emploi de cocktails Molotov, et cela est apparu invraisemblable au juge Rousseau.

S'ils avaient fait preuve d'un calme et d'un détachement exemplaires au cours de leur procès, en mars, les principaux leaders du groupe ont craché leur dégoût et leur frustration à la sortie de la salle d'audience, hier.

À leurs voix, s'est ajoutée celle du militant Jaggi Singh, venu simplement apporter son soutien aux accusés, a-t-il assuré.

Dans les propos incendiaires de Singh, de Mario Bertoncini et d'Alex Boissonneault, il était souvent question d'État fasciste et de procès politique s'apparentant aux causes du FLQ. Plus imaginatif, l'un des jeunes hommes en a fait sourire plus d'un en dénonçant «les policiers qui baisent avec la reine tous les soirs».

Juchée sur un banc, une jeune sympathisante a invectivé la procureure de la Couronne en lui reprochant de s'acoquiner avec la police!

Pendant ce temps, quelques-uns des nombreux amis des accusés venus les soutenir exhibaient aux caméras de télévision une banderole indiquant que le «squat» offre l'asile politique à Germinal.

Dans son jugement, le tribunal a rappelé que le ministère public a présenté quatre témoins, dont les deux agents d'infiltration de la GRC.

Ces derniers ont relaté que les 14 jeunes gens membres de Germinal s'étaient regroupés autour de l'initiateur, Alex Boissonneault. Avec l'objectif symbolique de pratiquer une brèche dans la clôture du périmètre de sécurité, on a commencé l'organisation et les réunions, puis on est passé à une démarche plus active en se munissant de matériel militaire.

Au cours du procès, d'ailleurs, Germinal a admis le complot pour commettre un méfait. Les accusés niaient toutefois avoir voulu mettre la vie des gens en danger.

Le juge Rousseau a estimé que tous les objets dont le groupe entendait se servir étaient susceptibles d'occasionner des blessures sérieuses, mais pas la mort. Les cocktails Molotov, eux, étaient susceptibles de la causer.

Un témoin expert a indiqué en effet qu'ils pouvaient transformer des gens en véritables torches humaines. Et le danger, d'ajouter le magistrat, ne se trouvait pas atténué, comme on a voulu lui faire croire, par le fait que les utilisateurs des cocktails auraient été des personnes expérimentées de par leur formation militaire.

Il a été impossible de déterminer une date pour le débat sur la sentence, qui doit durer une journée car, d'indiquer un avocat de la défense, des arguments relatifs à la Charte canadienne des droits et libertés seront avancés. La date devrait être déterminée lundi.